Puis me revoila au Royal Frankenstein, hotel dans lequel nous avions déjà dormi avec la famille Huet en Février. De nouveau je ne suis pas déçu. Le proprio ne change pas ses tarifs lors de la pleine saison et me fera au bon tarif sur la dernière chambre qui lui reste, pas rancunier de l'avoir réveillé avant 6h le matin même.
Je vais voir quelques agences pour voir comment s'organise le tour que je veux faire...sans agence. J'essaie par la même de rencontrer un ou des compagnons de galère mais sans résultats. Les prix exercés me confortent dans mon idée (de le faire sans leur aide) et ayant suffisamment de temps je porte mon dévolu sur le trek Cachora-Choquequirau qui requière en théorie 8 jours, en poussant jusqu'à Aguas Calientes ce qui me permettra de rejoindre le Machu Picchu sans payer le train. Ce circuit me permettra de voir les 2 cités oubliés Incas tout en profitant de paysages grandioses.
Le soir, je profite de l'occasion pour goûter la spécialité locale, j'ai nommé le cochon d'inde. Le résultat ne sera pas très satisfaisant mais fallait bien essayer. En sortant le billet pour payer l'addition je me rend compte que je n'ai plus ma carte bancaire...
Je l'ai oublié dans le distributeur juste avant d'aller manger. Bon ça c'est fait. C'est pas entre deux ravins que je vais en avoir l'utilité mais en arrivant au pied du Machu ça devrait me faire défaut. Paye ton boulet, va falloir faire avec ce que je viens de retirer.
Le lendemain, je prend un bus qui effectue la liaison jusqu'à Abancay. Cachora étant perdu dans les montagnes il faut descendre du bus en espérant que des voitures soient la pour faire la navette. C'est ce qui se passe et j'arrive donc sans encombres à Cachora, au creux des montagnes, déjà éloignée de tout.
Amusant, je fais la trajet en compagnie du Péruvien qui nous avais servi de guide lors de notre visite des ruines de Pisac quelques 6 mois auparavant. Le pauvre, pas en grande forme s'est fait cassé la gueule 3 jours avant à Pisac et préfère changer d'air un moment, il va donc s'improviser guide sur le chemin du Choquequirau. Il me dit qu'il a une agence mais son affaire me semble bien foireuse. Je plante ma tente dans le jardin d'un loueur de tente et vais acheter quelques dernières victuailles. Au grand dam de mon hôte d'un soir, je ne prendrai pas de mule le lendemain, je suis seul donc un petit peu stupide et mon capital financier ne me le permet pas. A part un couple de vieux baroudeurs, pas une âme d'autres gringos en vue dans le patelin ce qui présage d'un circuit beaucoup moins peuplé que le chemin de l'Inca, en contre-partie, pas de collègues. Je partirai donc seul.
Voila ce que j'ai fait à pied:
1er jour: Cachora/Santa Rosa
Levé matinal plutôt frisquet. Le guide à dormi dehors, son duvet sur une bâche à même le sol. "Si un peu" il me répond quand je lui demande s'il n'à pas eu trop froid... Je le voie se préparer en suivant mon rythme et me fait comprendre que nous allons faire la route ensemble. Je devine qu'il aimerai bien que je l'engage mais ça ne fait pas trop partie de mes plan.
On empreinte le chemin pour quitter le village et avant même d'en sortir il manque de nous faire perdre... Il va pas trop falloir compter sur lui surtout que dès la première montée il est à la ramasse. Je ne sais depuis combien de temps il n'a pas mangé...Je partage donc ma première barre de céréales qui nous sert également de petit déjeuner.
Les premiers kilomètres sont faciles et plat. On passe par la demeure d'un autochtone qui nous montre sa belle maquette de la région et nous offre la moitié d'un morceau de lard (une moitié mais coupée dans la longueur, du coup on a que le côté peau+gras) quasi cru...que je balance au premier virage.
Après quelques heures nous arrivons au mirador, qui annonce le début des choses sérieuses avec la descente de 2800m à 1400m pour traverser l'Apurimac (fleuve qui gronde en Quechua). On aperçoit sur la montagne d'en face le Choque, ça nous met l'eau à la bouche, "c'est chantmé" me lance un français qui en revient.
Je paye une bouteille d'eau au Péruvien qui me dit qu'il me rejoindra plus tard au camping de Chiquisca. Soit, j'attaque la descente et arrive au lieu dit à 11h. Un peu tôt pour terminer la journée d'autant plus que la journée du lendemain pour arriver au site de Choquequirau est bien corsée. Je me fait un succulent repas pour commencer à alléger le sac à dos de merde qui me ravage déjà les épaules et le dos.
Toujours pas de nouvelles de mon ami Péruvien au moment de repartir, bon courage à lui mais j'espère qu'il aura rebrousser chemin à Cachora pour se trouver une autre occupation. Vraiment pas en état de faire des rando de 4/5 jours.
Je me remet en route pour finir la descente mais je pensais pas que le soleil taperai si fort. Je me sens vite mal et rejoint le campement de Playa Rosalina au pas de course pour vite m'abriter.
Une famille de roots espagnols et un employé du Choque y attendent également que le soleil tappe un peu moins. L'employé à fini sa permission et doit faire tout le trajet en une journée, il attaque donc la montée sans trop attendre, moi, bien atteint par sa tentative d'apres déjeuner, me remet sur mes jambes qu'à 16h. Du bas, pour rejoindre Santa Rosa il n'y a que 3km à parcourir...mais c'est si raide qu'en 3km on fait 700m de dénivelé. Km 21 depuis Cachora, je sens les efforts fournis depuis le matin et je fais une pause tous les 20 pas. Je me demande vraiment dans quelle galère je me suis lancé, je pense au loueur de mule de la veille qui me saoulait en me disant que c'était très dur. Puis on vide sa tête et on ne pense qu'à mettre un pied devant l'autre.
Au final, on arrive enfin sur le terrain de la famille qui fait office de camp. KM 25
Exténué, déjà, mais aussi déjà de souvenirs et de paysages.
2nd: Santa Rosa/Rio Blanco
Il reste encore une bonne moitié de la montée à parcourir et pour éviter de la faire avec le soleil je me lève a 5h. J'attaque à monter avec la frontale et les premiers zig zag se font plus facilement que la veille. Les Espagnols ont du mal à se mettre en route, cela fait plus d'une heure que je marche et je vois toujours leur tente en contrebas. Au détour d'un lacet, je tombe finalement sur le panneau Marampata signifiant la fin de la montée infernale. 1450m de dénivelé sur 2 jours.
Les tentes qui ont passé la nuit ici n'ont toujours pas pris vie et les rares personnes debout me regardent passer tel un fantôme.
Je continu en direction du Choquequirau qui n'est plus qu'à 3km. Ceux ci ne sont pas si facile après la montée du matin et j'arrive sur le site, enfin, vers 10h.
L'entrée tarif étudiant est de 4 euros...je redoute le retour à la réalité du Machu. Profitons donc de ces instants de tranquillités que nous offre ce site la.
Les premières terrasses, pas un chat, pas un garde, pas un touriste. Et pas un panneau du coup je me paume avant d'arriver sur la place centrale.
Je planque mes affaires dans un coin d'une baraque en ruine et m'en vais faire le tour du propriétaire appareil en poche.
La visite est éprouvante, déjà on est à 3000 et ils peuvent rien construire sur le même plan du coup on passe notre temps a grimper et à se taper des escaliers dont on se passerait bien.
Je me réchauffe les restes de la veille dans mon campement improvisé quand 3 vieilles me fayotte à leur guide, lequel vient me dire de continuer sans rien laisser. Évidemment, mais vu que ce n'est pas évident pour tout le monde. Enfin, je jurerai qu'elle étaient Suissesses :D
Je continu ma visite, je n'ai pas encore vu le secteur des lamas, pierres blanches ordonnées dans les murs de telle façon qu'elles dessinent les dits animaux. Je me lance donc de ce côté-ci sauf qu'il a encore du faire 200m de dénivelé pour remonter à la place centrale...
Je suis remonté une crampe dans le mollet.
15H. Je me dit que j'ai vraiment la flemme de camper au campement du site qui est lui encore situé bien trop bas pour rapport à ma position actuelle. Je décide donc d'aller dormir au campement suivant, il n'y qu'à descendre 1300m...(j'avais pas compté autant avant de prendre cette décision).
Descente désagréable au possible, sous le soleil, sur un chemin recouvert par une épaisse couche de poussière et la rivière en contre-bas qui ne parait jamais se rapprocher.
Lorsque on parvient enfin au Rio Blanco on a pas le temps de souffler que l'on est directement assaillis par une horde de moustiques locaux. On accélère le tempo pour trouver ses 2 m2 sur les cailloux où l'on va passer la nuit et on se fou dans la rivière pour un bain des plus rafraichissant. Mais les moustiques ont largement eu le temps de gouter au gâteau.
Un couple de Polonais et leur muletier vont dormir ici également. Surement mieux que moi qui ne porte pas le moindre tapis de sol...
On s'endort une nouvelle fois exténué, il est à peine 18H.
3ème jour Rio Blanco/Yanama
Les Polonais sont déjà partis quand je me réveille. La soupe de la veille que je pensais réutiliser en petit déjeuner est infectée de fourmis, je me contenterai donc encore une fois d'une barre mutante. En espérant que ça suffira car aujourd'hui on a encore une sacré journée.
De 1900m, on doit dabord rejoindre Maizal, 3000m. Zig-Zag infernaux qui commencent à être une habitude. Mais peut être pas plus raide que pour monter à Santa Rosa mais cette fois le climat à moitié Tropical n'aide pas, malgré le fait que le soleil n'arrose pas encore la zone.
Maizal, une famille, 2 maisons, des poules chiens chats moutons vache qui vivent tous dans l'unique pré qui fait également office de camping pour les gringos de passage. La matriarche me vendra ici la bouteille la plus chère du voyage, quasi 5euros. Je me sens pas d'aller négocier dans ce coin paumé, tan mieux pour elle, elle sera contente d'avoir entubé un ces gringos justement.
C'est marrant par ce que quand ils te parlent tu es un amigo mais entre eux tu es toujours un gringo justement. :D
Bref, je me remet en route par ce qu'il me reste...1100m de dénivellé. Les gens en principe dorment ici mais il doit être 10h.
Cette seconde partie de la montée est encore plus dure que la précédente. Certaines parties du chemin sont à l'ombre en permanence d'où la formation de boue pas très recommandable pour les appuis. Surtout avec un ravin à la droite à peine dissimulé sous la végétation. Je m'en sors sans frayeur, me fait laisser sur place par la gamine de Maizal qui doit aller acheter une brique de lait à Yanama et revenir avant la tombée du soir.
J'arrive à la dernière section de la montée, plus dégagée et on aperçoit le sommet en regardant le soleil.
Section interminable, j'arrive enfin au sommet et y retrouve les amis Polonais, trompés eux aussi par la difficultés de la tâche.
Mais la vue offerte par ce col a 4200m est grandiose avec une série de sommet à 5 ou 6 milles enneigés (pas de neige en dessous de 5000 bien sur).
Il ne nous reste plus qu'une descente de 700 petits mètres de dénivelés pour rejoindre le campement de Yanama (3500m) et nous nous effondrons dans le pré.
4ème jour Yanama/Totora
J'ai eu froid cette nuit. On ne rend pas bien compte de l'altitude à laquelle on se trouve et du coup je manque de précautions. Je commence la journée mais vite je me sens pas très bien. Mal de ventre tipique de ma maladie imaginaire (il faut que je dorme pour que ça aille mieux), je craint la journée pourri. Manque de bol il faut encore monter ce matin. J'avance à un rythme plus que sûr, mais le ventre me fait souffrir. Je vomi même dans un coin mais j'ai pas trop le choix il faut continuer. J'arrive enfin au point le plus haut du parcours, 4700m. D'après ce que j'ai raconté avant vous aurez compris que nous avons passé un col, surement pas un sommet à cette altitude...
J'admire un instant la vue qui s'offre à nous et plonge dans la descente. Je ne pense qu'à arriver au campement du soir pour me pieuter. Des Français qui pensent que je souffre d'une fringale m'offre de la pâte d'amande. Ça ne change rien à mon état mais c'est toujours ça. Mes réserves alimentaires se résument à du riz, des sardines et des soupes déshydratées.
Mauvaise surprise du jour, un groupe d'agence partage le même camp. Je dit partage mais c'est plus de l'appropriation... Bref, ça fait un peu cliché mais Français et Polonais (qui sont aussi la) se font ça pépére dans leur coin en payant 3 sous, les Ricains mettent les pieds sous la table montée avant leur arrivée ainsi que leur tente, n'ont plus qu'à se coucher après sous avoir bien casser les couilles. Limite les muletiers leur enfilent le calebard tous les matins.
Précisions, en fonction de mes petites recherches à Cuzco, le prix agence est au moins 500 dollars, je pense bien sur en réservant à l'avance. La quinzaine de Guingos qu'ils étaient représentait donc une sacré montagne de fric pour l'agence. Les muletiers eux, ne voient la couleur que de 2 ou 3 billets verts.
Je mange et me met au lit, il n'est pas 5h. Je vais les entendre un bon moment les clowns randonneurs.
5ème jour Totora/Aguas Calientes
Le ventre va un peu mieux mais je n'ai toujours fait une grande nuit. J'ai la crève et me met en route difficilement. Le chemin devient plus large on rejoint un tractopelle en train d'aplanir la future piste. Bref, ce n'est plus très amusant. Aussi, en arrivant à Colcapampa, je me pose et j'attends le ramassage. Il faut attendre de l'autre côté du pont qui même au village (il est pas bien solide) et j'y poireaute 2h avant que ne débarque un camion. J'y monte ainsi que 5 beaux beaufs, qui ont atteint l'âge de la transformation en bifteck. La camion me pose à Santa Térésa, via La Playa où les différents groupe du Choque et du Salkantay se rejoignent...une belle concentration de touristes qui fait une belle transition avant le machu.
Un collectivo m'amène ensuite à une centrale Hydroélectrica d'où part un train pour aguas calientes.
Je pensais y passer la nuit et suivre le rail le lendemain matin mais le nombre de policiers et l'absence de tout campement me font changer d'avis, d'autant plus qu'un train part 20 min après.
Je le prend donc et fini finalement la journée à Aguas Calientes avec de l'avance sur les prévisions.
J'ai limite eu le temps de dire au revoir aux montagnes quasi inhabitées, dont la quiétude est tout juste troublée par le passage furtif de quelques randonneurs un peu plus aventuriers que les autres.
J'aurais voulu prendre un peu plus le temps de le faire mais je ne suis toujours pas très bien, je crois que j'ai eu la bonne idée d'ajouter à ma crève une insolation. Joyeux cocktail!
Aguas calientes donc, demain je ne ferai que me reposer.
Photos encore une fois en intégralité, donc il y en a des moins bien que d'autres:
Choque |
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